
Il est évident que l’arc à flèche n’a plus l’importance qu’il a connu jusqu’à l’avènement des armes à feux. Jusqu’au 17ème siècle, il était essentiel pour la chasse et, à l’occasion, la guerre. Les récits de combat avec les Indiens d’Amérique lors de la colonisation montrent que leurs arcs étaient plus efficaces que les premières armes à feux. Toutefois, avec le perfectionnement des fusils, l’arc à fini par devenir obsolète.
L’arc n’a plus d’utilité pratique, pourquoi continuer à en fabriquer ?
La première raison qui nous tend vers cet objet est assez mystérieuse. Pour beaucoup de personnes il y a une attraction presque instinctive qui émane de l’arc. Comme si quelque chose était resté après ses milliers d’années d’omniprésence dans le monde entier.
Si vous prenez la peine de lire cet article, vous avez sans doute, comme moi, déjà ressenti le charme et l’élégance que dégage un arc. Que ce soit lors de l’enfance, en jouant dans les bois avec une tige de noisetier et tirant des flèches sur des adversaires imaginaires, ou plus tard en observant les courbes gracieuses d’un arc récurvé ou encore en contemplant la beauté d’un arc koréen ou de celui des Indiens d’Amérique, vous avez peut-être perçu ce sentiment unique que procure un arc.
Un autre aspect qui m’a poussé à persévérer dans la fabrication des arcs sont les défis qu’elle nous mène à relever. Bien sûr, accrocher une ficelle à un morceau de bois vert est un jeu d’enfant ; mais fabriquer un arc puissant, préçis, durable et beau à la fois est une tâche qui demande une grande application et beaucoup de patience. Et si l’on cherche à reproduire un arc traditionnel d’un peuple ou d’une tribu ancienne en respectant ses caractéristiques d’origine, les challenges se multiplient et mettent notre ingéniosité à rude épreuve.
Certains arcs composites, par exemple, peuvent prendre plus d’une année entière à fabriquer, sans compter la préparation du matériel. Pour se lancer pour la première fois dans la fabrication d’un tel arc en sachant qu’il a de grandes chances de se briser à cause du manque d’expérience, il faut soit un bon grain de folie ou une patience inébranlable (sans doute un peu des deux).
Certains arcs composites, par exemple, peuvent prendre plus d’une année entière à fabriquer, sans compter la préparation du matériel. Pour se lancer pour la première fois dans la fabrication d’un tel arc en sachant qu’il a de grandes chances de se briser à cause du manque d’expérience, il faut soit un bon grain de folie ou une patience inébranlable (sans doute un peu des deux).

Enfin, ce qui me passionne par dessus tout dans les arcs, c’est leur diversité. L’arc s’est répendu dans le monde entier et, pourtant, dans chaque région du monde, il est différent. Il représente la culture, l’art et la nature de la région d’où il provient. Selon les techniques et les matériaux disponibles, les traditions, la religion et l’esthétique de chaque peuple, à chaque période de l’histoire, un arc unique est né.
Si l’on compare par exemple l’arc esquimau, qui mesure environ 75 cm et est constitué de morceaux de bois de caribou ou d’os et de tendons, et l’arc japonais (yumi) qui mesure plus de 2,20m et est fabriqué généralement de bambou et de laminations de bois, on voit à quel point les origines d’un arc a une influence son design. Les esquimaux n’ayant pas accès à du bois de qualité sur leurs terres gélées, ils ont dû contourner ce problème en utilisant des matériaux d’origine animale.

De l’autre coté, les Japonais ont utilisé de façon optimale les propriétés élastiques du bambou et les essences de bois locales, résultant en un arc très grand et asymétrique.

Quand on s’adonne à la fabrication des arcs, on se rend rapidement compte qu’elle englobe beaucoup plus de dimensions qu’on ne le pense à priori.
Je ne connais pas d’autre activité qui permette d’apprendre à la fois sur les matériaux, le travail du bois, la culture et l’histoire tout en étant si excitante et gratifiante.
Le but principal que je veux donner à ce blog est de partager ma passion pour les arcs traditionnels, discuter de leur histoire, leurs méthodes d’artisanat et de conception et j’espère obtenir d’échanger des connaissances avec d’autres personnes intéressées par ce bel objet.
A bientôt pour le premier chapitre de notre tour du monde : les arcs européens.
Références :
1) Dictum : Yumi building workshop -https://www.dictum.com/en/woodworking-iaa/kyudo-bow-yumi-with-kanjuro-shibata-ku1881901
2) The Virtual Museum of Canada – http://www.virtualmuseum.ca/edu/ViewLoitDa.do?method=preview&lang=EN&id=11810
3) Gakgung – https://en.wikipedia.org/wiki/Gakgung